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Cuenca Pacaya

29 novembre 2007

Carnets - Article paru la semaine dernière

Je suis pour l'instant par tres "assidu du blog", mais je devrais débloquer un peu de temps pour m'y remettre, très bientôt...

A l'école, Romain s'occupe d'un journal qui publie des articles écrits par certains d'entre nous. Souvent engagés, certains des articles sont géniaux. J'ai choisi d'écrire un évènement qui est arrivé la-bas et qui m'a bien fait reflechir sur la Corruption.

Il m'a demandé de raconter un peu de la-bas.

L’Ecrtit’eau. Edition du 27 novembre 2007

Carnets de voyage

Iquitos, Amazonie Péruvienne, Août 2007

25 jours ! Ca fait 25 jours que je n’ai pas eu une sensation de fraicheur dans ma bouche ou sur mon corps, 25 jours que je n’ai pas mangé autre chose que du poisson pêché par les pêcheurs de

la Cuenca

Pacaya

, du riz, des platanas, avec pour seule boisson cette eau noire puisée dans le fleuve et décantée une (trop courte) heure…25 jours encore que je n’ai pas suscité un attroupement en arrivant pour la première fois dans une de ces communautés qui vit au bord de l’Amazone, au rythme des caprices du fleuve divin, 25 jours que je n’ai pas vu un « gringo »- c’est pas ça le plus difficile ! 25 jours enfin que j’ai pas descendu cette rivière en ramant à deux a l’heure sur une pirogue pour être sûr de louper aucun de ces alligators ou tortues dont on a le recensement pour charge.

Donc autant dire qu’en arrivant à Iquitos, les instincts de l’Homo Occidentalis reprennent le dessus ; ainsi je justifie les 2 hamburgers-frites et les 2 bières que j’enfile en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, dans le GringoLand de la ville. Futile plaisir ? Non, je vous assure…

Ambiance surnaturelle dans cette immense ville de 400.000 habitants, perdue, isolée au cœur de

la Selva

Amazonica

, la plus grande cité du monde que l’on ne peut rejoindre par la route. Deux solutions pour s’y rendre : une descente de l’Amazone, 7 jours sur un Motonave au départ de Pucallpa ou l’avion. Cette ville s’est développée au début du siècle grâce aux booms successifs du caoutchouc (caocho, arbre qui pleure dans le dialecte local) et du pétrole, mais les deux révolutions n’ont pas tenu leurs promesses : un anglais a eu la bonne idée de créer des plantations d’hévéa qui rend l’extraction bien plus pratique qu’en pleine jungle, délaissant ainsi les milliers de travailleurs venus dans la région attirés par l’or blanc. L’extraction pétrolière, elle, fournit une petite richesse et une certaine indépendance à la région, mais heureusement pour la forêt, une grande partie des ressources est non rafinable (petrol verde !) Donc dans cette ville, une grande richesse côtoie une immense pauvreté. Les rares touristes viennent s’offrir des sensations dans la jungle, menés par des guides locaux ou se perdre dans les affres des plantes psychotropes qui foisonnent dans la région, tout comme les chamans qui consacrent une partie de leur temps à l’encadrement de cette activité. Cette vie à deux vitesses est pareille à ces maisons flottantes du quartier bidonville de Belèn, qui se tiennent fières  au moment des hautes eaux du fleuve et qui reposent, bancales, sur le fond lorsque l’eau est redescendue

10 m

plus bas.

La chaleur latine tient ses promesses, dans cette région plus que nulle part ailleurs : la séduction est un élément crucial de la vie des iquitenos, il faut voir les étudiants de l’Universidad Nacional de

la Amazonia Peruana

déambuler dans les rues du centre ou chauffer le dance floor d’une boite délirante sur les rives du fleuve.

Mais venons-en à l’évènement que j’ai choisi d’évoquer, en ces temps de Sarkosie et de grogne syndicale. Mais où est le rapport, va me dire Romain ? T’as pris trop de tisanes hallucinogènes à Iquitos! Et pourtant…

4h du matin, le 29 août. On a fait une belle soirée locale avec 2 françaises qui font un tour du monde et un péruvien, un muchachon de Lima et on est assis à la terrasse du Yellow Rose of Texas, un bar-resto tenu par un texan tombé amoureux de la région, ouvert 24h/24 (le bar, pas le texan). On espérait prendre un dernier Pisco, histoire de ne pas passer par la case auberge et d‘enchainer sur une journée  bien chargée…Mais le patron explique que le maire, récemment élu, a décidé d’interdire l’ouverture des bars non stop et d’arrêter de vendre de l’alcool passées 3h, en faisant particulièrement la guerre à ce texan, intrus à son goût, malgré les 15 années d’existence du lieu, véritable institution… A coté de nous, une tablée de filles chante autour d’un guitariste avec une ferveur impressionnante, ils grignotent des œufs de tortues. Alors qu’on s’et rabattus sur une glace (les œufs de tortues sont très salés, pas terrible à cette heure-ci), un bruit infernal précède l’arrivée de 8 pick-up chacun remplis d’une bonne dizaine de soldats armés d’un truc qui ressemble à une Kalachnikov, soit un bon groupe de 80 personnes, ils encerclent les deux tables et  leur chef ou commandant (j’y connais rien aux grades) descend, arme au poing, accompagné d’un petit jeune, maigre, au grand nez, armé , lui, d’une simple caméra. On comprend qu’il espère prendre sur le vif quelqu’un consommant de l’alcool, transgressant ainsi la nouvelle loi et sonnant le glas du bar. Mais Gerard Mallory a assuré ses arrières : il sort en hurlant solo comida ! tranquil, solo comida ! Il fait entrer le chef. Après une longue attente sous le regard vide des soldats restés sans bouger, ils ressortent et partent en trombe. Gerard nous explique, une fois le calme revenu que le chef lui a demandé une belle somme d’argent pour éviter une nouvelle descente et « faire plaisir à leur nouveau maire ». Sa réponse tient en une phrase « I have big balls like Bulls », entendez qu’il ne se laissera pas faire…Sous sa fierté se cache une belle pointe d’inquiétude, c’est comme ça que ça se passe parfois ici : la corruption.

Ici à petite échelle pour de petits enjeux, je me dis que ça doit être monnaie courante dans les plus hauts sphères du pouvoir. Ce n’est peut-être pas sans hasard que le Pérou connut une histoire mouvementée lors des mandats successifs de Fujimori, un péruvien d’origine japonaise, dont l’extradition du Chili pose encore problème. Et si le Président Alan Garcia effectue son second mandat, malgré d’importantes mises en cause dans des affaires de détournement de fond.

Ma conclusion, c’est que les démocraties, même installées depuis un bon bout de temps ont des progrès à faire,

la Notre

en tête. Je trouve important d’en avoir conscience.

Après avoir raconté ce récit, certains réagirent ainsi : « on a de la chance, on n’a pas à se plaindre ! ». Je préférerais penser qu’il faut profiter de notre avancée et veiller à faire progresser cette démocratie, d’autant que le chemin est long. Ce n’est pas parce qu’il y a pire ailleurs qu’il faut se laisser aller, ce serait trop facile.

Tom

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28 octobre 2007

Edito

Samedi 27 octobre 2007, 00h09, Aix-en-Provence

Sur les conseils de mes proches qui ont vu mes photos, écouté quelques pages de mon carnet de voyage écrit au Pérou cet été, j'ai décidé de vivre avec mon temps et de me lancer dans la réalisation de ce blog. Ce sera long et fastidieux de reporter ces 150 pages de mon carnet en lambeaux, manuscrit sur place, parfois dans des conditions difficiles. Pour plus d'authenticité, j'ai décidé de tout rapporter, même les moments galères où mon petit livre bleu m'a servi de confident, parce que c'est aussi ca la réalité du voyage. Voilà, tu connais la démarche, il est peut-être temps de te parler de ce voyage, cette expédition, comme celles qu'on fait à 20 ans, une fois dans sa vie, sans savoir vraiment pourquoi, comme poussé par cette ivresse de l'inconnu, ce désir du "loin", comme pour découvrir le monde tant qu'il est encore temps...
C'est sans doute pour toutes ces raisons que je me suis retrouvé seul au coeur de la jungle Amazonienne, accompagnant simplement quelques biologistes de l'Universidad Nacional de la Amazonia Peruana, pour évaluer leurs programmes de gestion des espèces protégées de tortues et d'alligators; durant plus d'un mois. Certains diront que c'est court...pas sur, une fois la-bas, même si j'étais décu de partir si vite.
J'écris
donc pour dire ce qui, la-bas, m'a étonné, frappé, ému, heurté, passionné, enchanté, fait pleurer, fait sourire, fait rire, fait chanter, fait rêver éveillé, boulversé, m'a donné des envies de révolution, m'a fait aimer le monde entier, puis détester la vie, pour enfin revenir émerveillé, avec des images, des sons, des rencontres plein la tête...et une autre vision de ce monde dans lequel nous vivons.

Evidemment, il n'y a aucune ambition littéraire, ce serait parfaitement raté, ni le souhait de faire un documentaire sur les populations d'Amazonie, non, c'est juste mes petites pensées, celle d'un jeune français, parti pour la première fois hors de son Europe natale dans une belle région du monde.

"Le monde est un livre, il faut voyager pour connaître plus que la première page".Patricia Schultz.

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