Carnets - Article paru la semaine dernière
Je suis pour l'instant par tres "assidu du blog", mais je devrais débloquer un peu de temps pour m'y remettre, très bientôt...
A l'école, Romain s'occupe d'un journal qui publie des articles écrits par certains d'entre nous. Souvent engagés, certains des articles sont géniaux. J'ai choisi d'écrire un évènement qui est arrivé la-bas et qui m'a bien fait reflechir sur la Corruption.
Il m'a demandé de raconter un peu de la-bas.
L’Ecrtit’eau. Edition du 27 novembre 2007
Carnets de voyage
Iquitos, Amazonie Péruvienne, Août 2007
25 jours ! Ca fait 25 jours que je n’ai pas eu une sensation de fraicheur dans ma bouche ou sur mon corps, 25 jours que je n’ai pas mangé autre chose que du poisson pêché par les pêcheurs de la Cuenca Pacaya
Donc autant dire qu’en arrivant à Iquitos, les instincts de l’Homo Occidentalis reprennent le dessus ; ainsi je justifie les 2 hamburgers-frites et les 2 bières que j’enfile en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, dans le GringoLand de la ville. Futile plaisir ? Non, je vous assure…
Ambiance surnaturelle dans cette immense ville de 400.000 habitants, perdue, isolée au cœur de la Selva Amazonica 10 m
La chaleur latine tient ses promesses, dans cette région plus que nulle part ailleurs : la séduction est un élément crucial de la vie des iquitenos, il faut voir les étudiants de l’Universidad Nacional de la Amazonia Peruana
Mais venons-en à l’évènement que j’ai choisi d’évoquer, en ces temps de Sarkosie et de grogne syndicale. Mais où est le rapport, va me dire Romain ? T’as pris trop de tisanes hallucinogènes à Iquitos! Et pourtant…
4h du matin, le 29 août. On a fait une belle soirée locale avec 2 françaises qui font un tour du monde et un péruvien, un muchachon de Lima et on est assis à la terrasse du Yellow Rose of Texas, un bar-resto tenu par un texan tombé amoureux de la région, ouvert 24h/24 (le bar, pas le texan). On espérait prendre un dernier Pisco, histoire de ne pas passer par la case auberge et d‘enchainer sur une journée bien chargée…Mais le patron explique que le maire, récemment élu, a décidé d’interdire l’ouverture des bars non stop et d’arrêter de vendre de l’alcool passées 3h, en faisant particulièrement la guerre à ce texan, intrus à son goût, malgré les 15 années d’existence du lieu, véritable institution… A coté de nous, une tablée de filles chante autour d’un guitariste avec une ferveur impressionnante, ils grignotent des œufs de tortues. Alors qu’on s’et rabattus sur une glace (les œufs de tortues sont très salés, pas terrible à cette heure-ci), un bruit infernal précède l’arrivée de 8 pick-up chacun remplis d’une bonne dizaine de soldats armés d’un truc qui ressemble à une Kalachnikov, soit un bon groupe de 80 personnes, ils encerclent les deux tables et leur chef ou commandant (j’y connais rien aux grades) descend, arme au poing, accompagné d’un petit jeune, maigre, au grand nez, armé , lui, d’une simple caméra. On comprend qu’il espère prendre sur le vif quelqu’un consommant de l’alcool, transgressant ainsi la nouvelle loi et sonnant le glas du bar. Mais Gerard Mallory a assuré ses arrières : il sort en hurlant solo comida ! tranquil, solo comida ! Il fait entrer le chef. Après une longue attente sous le regard vide des soldats restés sans bouger, ils ressortent et partent en trombe. Gerard nous explique, une fois le calme revenu que le chef lui a demandé une belle somme d’argent pour éviter une nouvelle descente et « faire plaisir à leur nouveau maire ». Sa réponse tient en une phrase « I have big balls like Bulls », entendez qu’il ne se laissera pas faire…Sous sa fierté se cache une belle pointe d’inquiétude, c’est comme ça que ça se passe parfois ici : la corruption.
Ici à petite échelle pour de petits enjeux, je me dis que ça doit être monnaie courante dans les plus hauts sphères du pouvoir. Ce n’est peut-être pas sans hasard que le Pérou connut une histoire mouvementée lors des mandats successifs de Fujimori, un péruvien d’origine japonaise, dont l’extradition du Chili pose encore problème. Et si le Président Alan Garcia effectue son second mandat, malgré d’importantes mises en cause dans des affaires de détournement de fond.
Ma conclusion, c’est que les démocraties, même installées depuis un bon bout de temps ont des progrès à faire, la Notre
Après avoir raconté ce récit, certains réagirent ainsi : « on a de la chance, on n’a pas à se plaindre ! ». Je préférerais penser qu’il faut profiter de notre avancée et veiller à faire progresser cette démocratie, d’autant que le chemin est long. Ce n’est pas parce qu’il y a pire ailleurs qu’il faut se laisser aller, ce serait trop facile.
Tom